L'élu de Milnor - Intégrale by Sophie Moulay

Auteur:Sophie Moulay [Moulay, Sophie]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fantasy
Éditeur: Les éditions du 38
Publié: 2017-05-10T22:00:00+00:00

L’homme-chat les ramena à Abil. Là, ils empruntèrent ensuite la route de Virgo, le principal port hargor.

— L’empire ne fait pas de commerce extérieur, expliqua Calus, mais l’Océan Boréal regorge de poissons et de sirènes septentrionales ; leurs œufs s’arrachent à prix d’or à Hoggu.

Afin de répondre à cette demande, le petit port de Virgo s’était agrandi au fil des siècles jusqu’à devenir une cité tentaculaire où de gigantesques chantiers navals côtoyaient des flottilles de bateaux de pêche.

— Si je comprends bien, l’interrogea Noir-Cœur, ce n’est pas un port à vocation défensive ?

— Non ! s’esclaffa Calus. Pour cela, nous avons Chealto. Ses cogghes sont réputées dans tout l’empire, elles patrouillent inlassablement sur l’Océan Boréal. Savez-vous qu’il y a deux siècles, elles ont repoussé une attaque massive venue des Quatre Terres. Une poignée d’envahisseurs assoiffés de sang ont toutefois réussi à débarquer. Nos troupes au sol les ont exterminés au prix de pertes cruelles. Évidemment, nos livres d’histoire parlent de démons. Le peuple doit continuer à ignorer l’existence du reste de Milnor.

— Évidemment, grogna Almus.

Plutôt que de polémiquer sur la nature de ces envahisseurs, il changea de sujet.

— Avez-vous pu voir Dalane ? Une jeune fille aux cheveux blond roux, aux yeux mauves ? Elle est originaire des Quatre Terres, comme nous.

Calus pouffa. Almus sentit ses joues s’empourprer.

— Ne t’inquiète pas ! Elle se porte comme un charme. Mais ne vouliez-vous pas savoir en quoi consistait la procession des balais bleus ?

Si l’Élu observa avec défiance la brusque diversion du Hargor, il se laissa bientôt captiver par son récit.

— À l’origine, les balais bleus se célébraient à chaque équinoxe de printemps. Les gens teignaient un balai en bleu, ouvraient portes et fenêtres en grand et balayaient leur maison afin d’en chasser l’hiver. Puis on donnait de grandes fêtes, on faisait rôtir quelques agneaux, tendres et succulents. Il y avait de la musique et on dansait pendant des heures, parfois jusqu’au lever du soleil.

L’expression du Hargor s’était faite nostalgique tandis qu’il évoquait cette époque révolue.

— Mon papa m’en parlait souvent, intervint Oeline. Il disait que, quand il était jeune, il sortait en cachette de chez ses parents pour assister aux festivités. Il se goinfrait de pommes au miel, à en avoir mal en ventre. Et même qu’une fois…

La fillette s’interrompit ; ses yeux s’emplirent de larmes à l’évocation de ses parents. Almus et ses compagnons supposaient qu’ils étaient morts. Mira la serra contre elle.

— Il y a une vingtaine d’années, poursuivit Calus, l’oncle de notre empereur actuel, un homme très religieux, a décidé que les balais bleus devaient être dédiés au soleil, notre dieu. Depuis, chaque année à la mi-hiver, deux processions partent, l’une de Norut, à l’ouest et l’autre, de Rind, à l’est. Elles symbolisent la course de l’astre solaire et se rejoignent à Hoggu le jour de l’équinoxe de printemps. Les membres du cortège effectuent le trajet en prenant soin de toujours faire face au soleil.

— En quoi est-ce dangereux pour les voyageurs ? demanda Almus.

— Lorsqu’on croise la procession, il n’y a que deux options.

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